Internationalisme ou "national-bolchevisme" ?
Le deuxième congrès du KAPD.
(1er - 4 août 1920 )
Le "congrès des décisions"
Extrait de la présentation
" Le congrès d'avril 1920 allait permettre de préciser les positions du KAPD, qui n'était pas par tactique «national-bolchevik» mais par principe antinational. Un monde socialiste serait un monde fédéré et unifié de conseils territoriaux, mais en aucun cas une espèce de Société des nations «socialiste» «soviétique», où coexisteraient des «patries» et des «nations» agissant comme autant d'individus aux intérêts parfaitement égocentrés. Pour le KAPD, c'était un pur non-sens, d'envisager, comme Lénine, l'inspirateur de la Constitution soviétique, des nations «socialistes» «alliées» ou «soeurs». Cette perspective était lourde d'antagonismes nationaux dans cette nouvelle «famille socialiste» peuplée de «frères» et de «soeurs», dont les «droits» étaient destinés à être foulés aux pieds, selon la loi du plus fort.
Comme le montrèrent les débats du Congrès, le national-bolchevisme n'était pas la seule marque de fabrique de la Tendance de Hambourg, celle de Laufenberg et Wollfheim. C'est une marque qui n'avait pas de copyright. Le ver était déjà dans le fruit russe soviétique, avec la promulgation de la nouvelle constitution panrusse, que Laufenberg ironiquement traduit par panslaviste. La défense des intérêts panrusses du nouvel État soviétique à l'occasion de la «guerre révolutionnaire» contre la Pologne était porteuse de mauvaises augures, celle de la mutation du bolchevisme - «à valeur universelle» selon Lénine et Trotsky - en un national-bolchevisme, parfaitement national et patriotique. Comme le proclamait le secrétaire du Komintern Karl Radek, en juillet 1920, «tous les travailleurs du monde entier doivent être à présent des patriotes russes».
Il est symptomatique que, dans les débats, les partisans de Laufenberg et Wollfheim se soient gaussés de l'universalisme de leurs adversaires du KAPD, en les qualifiant d'Einheitsmenschen, hommes de l'universel. Une manière de rejeter toute perspective d'un être humain universel, d'un citoyen du cosmos réconcilié avec la nature, idée présente chez les philosophes grecs antiques, puis reprise par la pensée des Lumières, pour être finalement détruite par l'idéologie nationaliste, belliciste et raciste, propre au XIX siècle, celui du capitalisme triomphant, un système en guerre permanente contre la Nature.
[...]
C'est précisément en 1926, au moment où se constituaient des fractions plus au moins de gauche à l'intérieur du KPD que le KAPD décida de mémoriser tout ce passé national-populiste que des tournants « gauchistes» successifs ne suffisaient pas à faire oublier. Dans un ouvrage, portant le titre suggestif de : Die K.P.D. im eigenen Spiegel ( le KPD à travers son propre miroir), le KAPD rappelait que la crise du KPD remontait à loin, même à 1920. De proche en proche, de l'Opposition loyale proclamée en mars 1920 jusqu'à l'occupation de la Ruhr où le KPD tombait dans le pire nationalisme völkisch, jusqu'à emboucher les trompettes de l'antisémitisme, il y avait adoption progressive de tous les poncifs du «national-bolchevisme», y inclus la defense de «la patrie à l'heure du danger» et la « guerre révolutionnaire contre l'entente», au lieu et place du « défaitisme révolutionnaire » proclamés par les fondateurs du parti : Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg.
Laissant le lecteur apprécier à sa «juste valeur » cette évolution d'un parti qui s'était donné comme fondement le marxisme internationaliste et comme but la formation d'une Commune mondiale, nous donnons en annexe des extraits de la presse du KPD, du Komintern.
Nous donnons aussi en annexe deux textes fondamentaux, jamais traduits en français :le cours discours en mémoire de Schlageter tenu en juin 1923 par Karl Radek devant L'Exécutif du Komintern, qui ouvre la voie à une recherche d'alliance avec le nationalisme völkisch; le second, sur le «tournant antisémite» du KPD de 1923, dénoncé par Franz Pfemfert, directeur de Die Aktion, ancien fondateur du Parti Liste antinational qui adhéra au Spartakusbund en 1918, puis membre du KAPD.
Un extrait, tiré du roman Sans-Patrie (Vaterlandslose Gesellen) d'Adam Scharrer, 1930, est un témoignage passionné sur l'engagement contre la guerre et pour la révolution d'une génération de jeunes ouvriers spartakistes, qui allaient former l'ossature du KAPD en 1920. "
206 pages A commander Chez L'auteur 20 euros.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire